Comment exercer en tant que kinésithérapeute au Québec ?

Le Québec, province francophone du Canada, séduit par ses grands espaces, sa gastronomie, son passé colonial et la gentillesse de ses habitants. La province offre un bon niveau de vie et le côté sécuritaire est souvent l’aspect le plus apprécié des immigrés français.

Comme c’est le cas dans de nombreuses sociétés occidentales, le Québec, peuplé de 9 millions d’habitants, connaît un vieillissement de sa population. Cela rend essentiel l'accessibilité et l’amélioration de la qualité des services de santé. Des opportunités d’immigration sont alors possibles pour les professionnels de santé du monde entier.

En 2024, on dénombre 6 396 physiothérapeutes issus des milieux publics et privés dans la province, soit 71 pour 100 000 habitants (contre 142 pour 100 000 habitants en France en 2020). Par soucis de simplicité, nous utilisons le terme kinésithérapeute dans l’article, mais au Québec, nous les appelons les physiothérapeutes.

Des initiatives sont entreprises afin de pallier le manque de main-d'œuvre dans ce domaine tel que l’augmentation du nombre de places dans les programmes de formation ou encore l’existence d’équivalences pour les kinésithérapeutes diplômés en dehors du Québec.  

Nous avons cherché à mieux comprendre la pratique de la kinésithérapie au Québec. C’est dans un café typique du Plateau Mont-Royal, quartier bohème et artistique de la ville, que Remplajob a rencontré Olivier Benoit, physiothérapeute depuis 11 ans et copropriétaire de la clinique Physio Plateau avec Guillaume Hohly depuis 3 ans. Son cortado entre les mains, il commence par me parler de sa formation. Au Québec, plusieurs universités permettent de se former au métier de kinésithérapeute.

Quelles sont les études de kinésithérapie au Québec ?

Il faut un baccalauréat (licence) et une maîtrise universitaire pour devenir kinésithérapeute, les études durent 4 ans et demi. Olivier a étudié à l’université de Montréal mais cinq autres universités offrent ce cursus : l'université de Laval, l’université de Sherbrooke, l’université du Québec à Trois-Rivières, l’université du Québec à Chicoutimi et l’université McGill (anglophone).

Quels sont les différents statuts de la profession au Québec ?

Des kinésithérapeutes peuvent travailler dans le secteur public comme les hôpitaux, centre de réadaptation, centre d’hébergement pour personnes âgées et certains sont salariés en clinique privée. “On peut aussi travailler seul en statut libéral, mais c’est un modèle moins fréquent.” ajoute Olivier. 

En effet, parmi les membres de l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec, 50% exercent principalement dans le secteur public, 45 % dans le secteur privé et 5 % en recherche et enseignement.

Quels sont les conditions et les domaines d’expertise de la profession ?

En France, les kinésithérapeutes doivent être inscrits au tableau du Conseil de l’Ordre du département de leur lieu d’exercice. “C’est similaire au Québec” note Olivier “la profession est aussi régie par un ordre professionnel, certains actes sont réglementés et réservés.” 

Concernant les domaines d’expertise, Olivier souligne qu’on retrouve principalement la gériatrie, la pédiatrie, la cardio-respiratoire et la neurologie dans le secteur public tandis que la musculo-squelettique se pratique davantage dans le secteur privé. 

On retrouve aussi des sous-expertises comme la rééducation vestibulaire, la santé pelvienne ou encore l’utilisation d’aiguilles sèches.

Comment l’exercice de la kinésithérapie s’insère-t-il dans le parcours de soin et quel est le parcours patient ?

Dans le secteur public, le patient consulte un médecin généraliste ou un spécialiste qui va lui prescrire des soins de kinésithérapie. Olivier ajoute “Au Québec, le kiné a le droit et les compétences pour émettre un diagnostic en physiothérapie. Si le patient se présente sans prescription, le thérapeute jugera lui-même la pertinence des soins et il pourra rediriger le patient vers un autre professionnel de santé si besoin”. Il poursuit "Pour le secteur privé, c’est plus rapide. Un patient peut prendre rendez-vous avec un kinésithérapeute sans prescription. Une grande partie de la population a une assurance collective ou privée pour se faire rembourser ces soins, mais elle n'est pas obligatoire. Elle rembourse à différents degrés les soins de kinésithérapie, mais le complément doit être assumé par le patient."

Concernant le parcours patient, notre praticien explique que dans le secteur public, la séance est remboursée par la RAMQ (équivalent de la sécurité sociale en France). Cependant, les listes d’attentes sont très longues et accessibles seulement sur prescription du médecin. 

À titre indicatif, une étude de 2017 révèle que plus de 18 000 patients sont sur une liste d’attente pour consulter un kinésithérapeute dans le secteur public au Québec.

Comment est organisé un cabinet de kinésithérapie au Québec ?

Située sur le Plateau Mont-Royal, la clinique Physio Plateau est une jeune clinique dynamique. Elle regroupe quatre thérapeutes qui travaillent à temps plein avec des champs de pratique complémentaire surtout en musculo-squelettique. 

Olivier explique que la clinique emploie une réceptionniste pour la facturation, la prise de rendez-vous, le ménage et le rangement du matériel. “On peut donc se concentrer sur nos tâches principales qui sont d’offrir des soins de qualité à nos patients.” poursuit-il. 

Au sujet des remplacements, il explique :“Il n’y en a pas, quand on est absent, on peut décider de rediriger un patient vers l'un de nos collègues si on le juge nécessaire. Parfois, on est obligés d’allonger nos journées pour compenser l’absence d’un collègue” 

Concernant la formation, afin de consolider les connaissances des thérapeutes de la clinique et en apprendre de nouvelles, le mentorat en équipe est valorisé :”On s'efforce de mettre en avant les compétences de chacun. On favorise aussi la formation continue, d’ailleurs on offre un budget illimité à tous les employés de la clinique.” ajoute t-il.

C’est quoi une journée type pour un kinésithérapeute au Québec ?

Une journée type à la clinique se déroule de 7h à 15h ou de 12h à 20h : “Si c’est un nouveau patient, on prend le temps de consulter son bilan médical ainsi que la raison de sa consultation. Dans le cas d’un patient déjà en suivi, on ouvre son dossier pour se refamiliariser avec son cas.” précise Olivier. 

Les sessions sont d'une durée de 30 minutes pour un suivi et 60 minutes pour une évaluation. Les kinés de la clinique voient entre 12 et 14 patients par jour et la rédaction des dossiers se fait progressivement au courant de la journée.

Quel est le niveau de rémunération moyen ?

Le niveau de rémunération varie selon le statut d’emploi. Olivier mentionne que dans le secteur public, l’échelle salariale commence à 29.93$/h et termine à 54,91$/h, le salaire se base sur les années d’ancienneté. “Au privé, plusieurs modèles de rémunération existent et sont équivalents aux taux du secteur public. Les kinés sont globalement payés au patient tandis qu’au public il n’y a pas d’obligation de voir un certain nombre de patients” spécifie t-il.

Chez Physio Plateau, les thérapeutes employés ont une échelle salariale basée sur l’ancienneté. Les formations qu’ils suivent permettent de bonifier leur salaire.

Quelles sont les équivalences pour les kinésithérapeutes français souhaitant venir exercer au Québec ?  

L’Arrangement de reconnaissance mutuelle entre le Québec et la France (ARM) permet un processus d’admission distinct pour les professionnels formés en France (incluant les kinés). 

“Il faut faire une demande d’équivalence auprès de l’Ordre professionnel de la physiothérapie au Québec (OPPQ). Elle jugera du niveau de compétence et dirigera vers un processus d’équivalence” complète Olivier.

Toutes les étapes du processus d’équivalence sont expliquées sur le site de l’OPPQ. Après avoir déposé une demande d’admissibilité à l’ARM auprès de l’OPPQ, il faut effectuer les mesures compensatoires (formations d’appoint et stage). Le programme francophone à suivre au Québec est le programme de qualification professionnelle en physiothérapie (QPP) offert à l'Université de Montréal (UDEM). Il est à temps complet et comprend 16 mois de formation, la dernière session est composée de stages en milieux cliniques.

Note : À noter que l’ARM ne modifie pas les règles d’immigration, les personnes souhaitant étudier et exercer au Québec sont soumises aux mêmes règles d’immigration.

En conclusion, pourquoi exercer le métier de kinésithérapeute au Québec ?

Au-delà de la qualité de vie qu’offre le Québec, Olivier souligne que ”le métier de kinésithérapeute est une profession qui allie connaissance, contact humain, entraide et laisse une place à l’art.”

“Nous pouvons aider des gens à atteindre des objectifs importants, faire une vraie différence dans leur vie. C’est aussi un milieu avec de bonnes conditions de travail. À l’exception de certains services hospitaliers, il n’y a pas de garde ou d'horaire de nuit comme en soin infirmier, médecine et autres métiers hospitaliers.” conclut-il.  

 N’hésitez plus, le Québec vous attend !

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